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L'autisme chez les femmes

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le 8 avril 2019

Le Dr. Emmanuelle Houy-Durand a répondu aux questions de la journaliste de LCI, Charlotte Anglade

Épuisement, violences sexuelles, suicide... Les conséquences dramatiques du sous-diagnostic de l'autisme chez les femmes

HANDICAP - Ce mardi 2 avril marque la Journée mondiale de sensibilisation à l'autisme. En France, 700.000 personnes sont atteintes de troubles du spectre autistique (TSA). Si le handicap est de plus en plus diagnostiqué, notamment grâce aux progrès de la science en la matière, de nombreuses femmes autistes passent entre les mailles du filet. Une étape manquée qui peut avoir de graves conséquences sur leur vie.

Marie Rabatel mène un combat sans relâche. Diagnostiquée autiste lorsqu'elle était adolescente, cette femme de 44 ans se bat tout d'abord pour elle, pour s'accrocher à la vie qui ne l'a pas épargnée. Victime de harcèlement scolaire et de crimes sexuels, elle est aujourd'hui plongée dans un état de stress post-traumatique dû à un viol qu'elle n'a pu et su verbaliser, jusqu'à ce qu'il resurgisse dans son corps et dans sa mémoire bien des années après.

Au travers de l'association francophone des femmes autistes (AFFA) qu'elle a cofondée, Marie Rabatel se bat aussi pour les autres, pour la reconnaissance de la place dans la société des femmes handicapées, et plus particulièrement autistes, et contre les violences qu'elles subissent. Pour celles qui n'ont pas eu la chance, comme elle, d'être diagnostiquées et qui souffrent d'un mal-être permanent et insondable, les rendant davantage vulnérables. Car l'autisme féminin peut encore trop facilement passer entre les mailles de la science.

Des outils diagnostiques inadaptés

L'une des premières raisons, explique-t-elle, réside dans le caractère inadapté des outils diagnostiques, dont les plus vieux datent des années 80. "Ceux-ci ont été réalisés à partir des spécificités autistiques masculines car à l'époque, les médecins pensaient qu’ils n’y avait que les hommes qui étaient autistes. Les femmes étaient considérées comme schizophrènes, psychotiques, hystériques…"

Contactée par LCI, Emmanuelle Houy-Durand, médecin psychiatre dans le centre ressource autisme du CHRU de Tours, nous confirme que ces outils d'aide au diagnostic ont été construits, normés et validés "sur des populations pour l’essentiel masculines, compte tenu du sexe-ratio des troubles du spectre de l’autisme, qui reste largement déséquilibré à la défaveur des garçons". Pour une fille atteinte de troubles du spectre autistique (TSA) en effet, il y aurait environ quatre garçons atteints. Mais, insiste le docteur, il s'agit avant tout d'outils d'aide, le diagnostic reposant toujours, in fine, sur une évaluation pluridisciplinaire [Lire la suite].

Contact :
Dr. Emmanuelle Houy-Durand :